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Reportage

Avec SuperClash II, l’APC s’est mise à l’heure anglaise

Pour SuperClash II ce 18 février, l’APC avait mis l’accent sur les noms les plus en vue du catch en France et sur la qualité in-ring. Ajoutez à ça la venue du britannique Pete Dunne et le show est assuré. Et si c’était ça, la bonne formule d’un show de catch français ?

Alistair Wybrow

C’est un rendez-vous manqué de la fin d’année 2017, Pete Dunne avait en effet dû annuler sa venue à l’APC en décembre du fait d’une erreur dans les bookings. Le Bruiserweight avait alors promis de trouver une nouvelle date et ce fut assez rapide puisque deux mois plus tard, ce 18 février, il était présent pour SuperClash II.

C’est au Studio Jenny, salle atypique en France qui mélange un certain charme intimiste avec un look assez kitsch — ainsi qu’un ring assez mobile qui peut faire peur aux novices — que se déroulait un show où l’on savait déjà qu’on allait avoir une ambiance particulière. Lors du show de Ouest Catch à Quedillac, on avait déjà abordé cet engouement des fans et leur présence vocal plus marquée, ici à Nanterre, on monte encore d’un cran.

Il faut dire qu’en dehors de Pete Dunne qui suffit pas mal à vendre un show, on nous annonçait Tristan Archer, Senza Volto, Aigle Blanc, A-Buck, Christianium Le Surréaliste ou encore Shanna, des noms connus de plus ou moins longue date sur les shows de catch en France et qui sont ce que l’on peut appeler des valeurs sûres. Les deux premiers surfent d’ailleurs sur le succès d’un match à Paris Manga qui avait pas mal attiré de louanges.

Une atmosphère exaltante…

Dans la salle, on se reconnaît, on se parle, on s’est tous un peu déjà vus ailleurs. C’est pas du goût de tous, mais oui, internet ce n’est pas que des personnes derrière un clavier, ce sont également des gens qui se déplacent de loin. Un point qu’aime toujours souligner l’annonceur du show Sturry qui s’amuse à demander qui vient de quel coin de la France. L’ambiance intimiste du Studio Jenny, qui affichait complet dans une salle pouvant accueillir 300 personnes, va prendre au fur et à mesure du show une autre dimension.

Le match par équipes de Thiago Montero et Rick Salem contre Hari Singh et Young Money Chong permet d’installer une ambiance déjà sympathique, un clivage face/heel comme on en voit souvent sur les shows français et qui permet de chauffer les vocalises. Mais c’est aux femmes de faire passer la salle dans une dimension qu’elle ne quittera plus vraiment. Une dimension où les catcheurs et catcheuses vont prendre énormément de risques pour une récompense qui vaut plutôt le coup : un public totalement acquis.

Tout au long de la soirée, c’est un catch assez stiff et généreux en spots bien amenés qui va animer une foule qui ne demandait que cela. Si les gens ont bien lancé quelques chants « Bruiserweight » au début du show, ils n’ont pas ignoré pour autant le reste du show, bien au contraire. On connaît ces athlètes, on a appris à les apprécier aux fils de shows et pendant cette soirée il y avait la sensation que tout le monde était venu faire un retrait sur tout le travail capitalisé lors des dernières années.

Un catcheur comme Christianium Le Surréaliste, qui faisait il y a trois ans une battle royale de jeunes de l’APC à l’entrée du show fait maintenant un énorme match face à Tristan Archer. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Aigle Blanc et A-Buck sont des purs produits de l’APC qui ne font que gagner en popularité mais aussi en bagage sur le ring. On a un noyau solide de catcheurs et catcheuses plus ou moins expérimenté·e·s mais qui peut s’appuyer sur un groupe de plus en plus fournis de fans qui suivent leurs parcours.

Des fans généreux dans la voix, généreux dans les émotions qu’ils ont laissé dans le studio Jenny. Il suffisait de discuter cinq minutes avec une personne au hasard pour se rendre compte qu’on venait de vivre quelque chose de spécial. Et les quelques familles présentes n’ont pas pour autant été écartées de cette ambiance. À côté de nous, un garçon de 5-6 ans qui semblait bien connaître l’APC était un énorme fan de Christianium ou l’Aigle Blanc et malgré les défaites des catcheurs, était juste bouche bée face à ce qu’il voyait.

…enrichie par un grand show in-ring

On sentait tout le monde à fond ce soir, et après le show, tous les acteurs du show interagissaient entre eux dans une ambiance ultra bonne enfant. On ne dit pas que c’est né ce soir, au contraire, c’est des liens qui se façonnent depuis longtemps, mais de souvenir c’est la première fois qu’il y a une ambiance si décomplexée après un show, où tout en offrant du temps pour les photos et les discussions, les interactions entre catcheurs se multipliaient dans un sentiment de devoir accompli.

Pour cause, ce show s’est terminé avec Pete Dunne, mais c’est une série de matchs variés qui a nourrit le cœur de cette soirée. D’un tag team match qui a pris le temps pour un peu de comedy wrestling mais aussi et surtout pour chauffer la foule à un combat où Christianium et Tristan Archer ont tout envoyé en passant par un duel aérien entre Senza Volto et Tengkwa, il y en a eu pour tous les goûts dans un style tout de même très axé sur ce que peut produire le catch indépendant européen à son meilleur.

Tout cela a mené à ce main-event, une sorte de synthèse où A-Buck s’est mêlé au match entre Aigle Blanc et Pete Dunne et où le stiff, la voltige et l’esthétique indépendante se sont entremêlés pour un résultat où l’on ne veut même pas trop entrer dans les détails. Il y a eu des moments drôles avec pas mal de jeu autour des poses de Pete Dunne et notamment sa manie de briser des doigts ou de les croquer. Des gros mouvements aériens, des coups de pieds qui claquent jusqu’à la Défense, des nearfalls et des prises bien sales comme on les aime.

Et tout cela est venu ultra naturellement de par un boulot des catcheurs et catcheuses — et aussi des arbitres qui ont pris leur dose de coups pour quelques mois — qui semblaient juste incapables de s’arrêter.

Un show qui offre des perspectives

L’APC avait des saveurs britanniques ce 18 février. De par son cadre de base qui offre ce sentiment de différence par rapport à La Luna ou aux salles de sport des autres shows français, mais également du fait d’un show qui a laissé la possibilité aux fans d’extérioriser toute la passion qu’ils ont pour ce catch où l’intensité est palpable dans les coups mais aussi dans l’atmosphère. Ce show avait une forte consonance anglaise avec un sacré accent français tout de même.

Il y a matière à bâtir autour de ce show. L’APC s’est sûrement faite de nouveaux fans ce soir-là et a prouvé en seulement six matchs que ce genre de carte pouvait remplir une salle de fans de catchs. La promotion francilienne a montré qu’on pouvait construire des shows en se fondant sur des affiches qui représente très bien le catch français et toute sa diversité. Parce que oui on a adoré voir Pete Dunne, évidemment et ça a aidé à la présence de plus de monde. Mais Tristan Archer contre Christianium, et Tengkwa contre Senza Volto sont deux matchs qui parlaient aux fans réguliers des shows de catch français.

On peut construire un show de 300 personnes où la salle sera remplie à 90% de fans actifs dans la communauté, pas seulement des rédacteurs ou podcasteurs, mais surtout des fans qu’on lit sans arrêt sur les réseaux sociaux et qui connaissent très bien les acteurs et actrices de la soirée parce qu’ils vont les voir après chaque show et suivent leur matchs dans plusieurs organisations françaises. Shows après shows, ces 300 personnes peuvent devenir 400, 500, 600 et les promotions investir des salles plus grandes et ne plus avoir peur de s’adresser à des fans de catch.

Superclash II, c’est un descendant du show Adrenaline de l’ICWA qui malheureusement n’avait pas rencontré le même succès. Mais l’esprit était le même. Une proximité fans/catcheurs pendant et après le show qui met la pêche et un in-ring qui parfois veut trop en faire par générosité, ce qui n’est absolument pas un défaut. Il y a une envie énorme qui se ressent et qui pousse tout le monde à prendre des risques que l’on pourrait probablement contenir un petit peu. Mais reprocher l’excitation de tout le monde dans une soirée pareille et quand les matchs ont tous assuré leur rôle, ce serait vraiment être tatillon.

On est début 2018 et le catch en France semble continuer sur sa bonne voie. On ne peut s’empêcher d’être juste heureux d’avoir vu cela et si beaucoup vous diront que vous devez regretter de ne pas être venus, de notre côté on vous dira de juste d’être présent la prochaine fois. Car si après Adrenaline la question était de savoir « si » l’on allait revoir un show de cette qualité en France, après SuperClash II la question est plutôt « quand » cela va arriver.

Avec SuperClash II, l’APC s’est mise à l’heure anglaise
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