Quand on regarde les personnages qui auront marqué le pont entre la WWF et la WWE avec un côté divertissement très développé, Roddy Piper se situe assurément tout en haut de la liste. Canadien de naissance, il laissera dans les mémoires une image d’écossais avec son kilt légendaire qui aura autant sinon davantage marqué lors de son après-carrière tout aussi animée que celle à plein temps qu’il a menée dans le ring. Avec cette image de trublion anti-conformiste qui lui vaudra le surnom de Rowdy.
Sa transformation aura été spectaculaire en l’espace d’une année durant laquelle ce méchant de formation qui a fait ses classes à la NWA est devenu le plus adoré sur sa dernière année de vrai catcheur en 1987. En réalité sa carrière de catcheur a été courte, d’une durée de douze ans dont seulement trois à la WWF. On parle de la carrière de catcheur à temps plein car ce touche-à-tout a ensuite bien varié les activités durant les vingt-huit années qui ont suivi entre films, séries TV, musique et périodes de retour dans le ring.
Pas vraiment de combat mythique dans les mémoires car Piper avait un style de pur bagarreur hérité de sa formation de boxeur où il aura gagné les fameux gants d’or. Mais aussi avec une touche de finesse avec une ceinture noire de judo. Ainsi dans le ring ses spécialités étaient le coup bas et la prise du sommeil. La légende de Rowdy s’est donc construite ailleurs que dans ses capacités de combattant. C’est à travers son personnage qui s’est révélé au fur et à mesure de ses segments du Piper’s Pit qui se comptent par dizaines qu’il a montré toute l’étendue de sa palette de divertissement humain. Et pour lancer la légende il fallait s’attaquer à des légendes. C’est d’abord Jimmy Snuka qui reçoit un coup de noix de coco et ensuite Bruno Sammartino se fait chauffer pour donner lieu à un affrontement dans la cage perdu par Rowdy.
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Le meilleur de la carrière de Piper à la WWF se situe dans sa rivalité avec Hulk Hogan à l’époque à son summum. Et c’est avec les deux autres mondes de Piper que cette rivalité va trouver son cadre, par les interventions de Cindy Lauper et surtout de Mr T, le Barracuda de l’Agence Tous Risques. Ainsi tout est en place pour donner lieu au main-event du tout premier Wrestlemania de l’histoire en 1985 avec un match par équipe où, associé à Paul Orndorff, Roddy Piper s’incline contre Hulk Hogan et Mr T. Cela situait donc son rôle très haut placé à la WWF de joker de luxe pour brancher les foules dans son rôle de heel. On oubliera rapidement la revanche avec Mr T au Wrestlemania d’après achevée par disqualification et qui illustre que Piper a peu connu le succès dans ses combats à la WWF.
C’est surtout à la NWA qu’il s’était construit un palmarès et avait éprouvé son corps dans de nombreux matchs à stipulation dont un Dog Collar où il avait perdu la moitié de son ouïe. A la WWF il aura remporté le titre Intercontinental lors du Royal Rumble en 1992 avant de le perdre contre Bret Hart à WrestleMania. Wrestlemania, c’est bien le show où il aura eu ses moments à la WWE dont le dernier en 2009 contre Chris Jericho.
Piper avait un caractère bien trempé qui ne gardait pas la langue dans sa poche et était aussi un bon vivant qu’on a parfois vu alcoolisé voire dans un état second dans le ring encore dans ses dernières années. C’était donc le Rowdy qui aimait la vie et en a profité à plein, touchant un peu à tout dans le catch avec ainsi la WCW pour embêter à nouveau Hogan et même un passage très anecdotique à la TNA avant qu’il revienne à la WWE pour prendre sa place au Hall of Fame en 2005. Il a même été vice-président de la WWE à l’écran en 1996 et de nombreuses fois arbitre notamment à WrestleMania X dans le match entre Bret Hart et Yokozuna.
Mais une vie à cent à l’heure telle que la sienne, où l’on profite de tous les plaisirs qu’elle peut offrir, peut vous envoyer dans les cordes une fois la cinquantaine passée. en 2006, un an après son entrée au Hall of Fame de la WWE, Piper annonce qu’il est atteint d’un cancer. Heureusement pour lui et pour nous on ne se débarrasse pas de Rowdy aussi facilement : en 2014 il déclare fièrement avoir vaincu la maladie et en être entièrement guéri.
Il s’inscrivait dans la peau du super joker pour assurer le divertissement et c’est comme ça qu’on l’aura vu par petites touches à la WWE ces dix dernières années jusqu’à un dernier Piper’s Pit fin 2014 avec Rusev et Lana. Chacune de ses apparitions aura été ponctuée d’acclamations, venant même d’un public jeune. Tel un caméléon, il aura adapté son concept de départ du Piper’s Pit à toutes les époques, le faisant durer trente ans.
Ce passionné de la scène s’était ainsi tourné bien naturellement vers le cinéma pour figurer dans une trentaine de films dont il a parfois tenu le premier rôle, ainsi que dans plusieurs séries connues des années 90 où il aura fait ses apparitions ponctuelles comme dans Walker Texas Ranger ou It’s Always Sunny in Philadelphia. Et il aura laissé une empreinte mythique dans le film d’aliens They Live de John Carpenter où il balance la phrase culte : « Je suis venu ici pour mâcher du chewing-gum et botter des culs. Manque de bol: j’ai plus de chewing-gum. » Gageons que c’est ce qu’il a dû dire à son arrivée au paradis qu’il anime sans doute autant qu’il aura animé le ring qui était sa meilleure scène de divertissement.